Et si nos graines racontaient une histoire bien plus vaste que celle de leur variété ou de leur terroir ? Les semences décoloniales, parfois appelées “semences décolo”, invitent à regarder l’agriculture autrement, en assumant que notre système agricole et alimentaire actuel est encore traversé par l’héritage des rapports coloniaux.
Un mouvement émergent
Ce concept, encore peu connu, est porté par quelques collectifs, paysans, chercheur·euses et militant·es. Il s’agit de rapprocher les luttes antiracistes, les questions liées à l’exil, et la préservation des semences paysannes. Concrètement, cela signifie :
- créer des solidarités entre les peuples et les diasporas,
- faciliter les circulations de semences entre pays et cultures,
- reconnaître le rôle et la mémoire des personnes en exil dans la transmission des savoirs agricoles.
Des voix engagées
Lors du festival Passeurs d’Humanité, plusieurs intervenant·es ont partagé leur expérience :
- Marie, artisane semencière et membre fondatrice de la Maison des semences Maralpines,
- Gagou, chercheuse en anthropologie sur l’accès à la terre pour les femmes ayant un parcours migratoire, coordinatrice d’un jardin partagé en banlieue parisienne,
- Jonas, paysan boulanger, membre de la coopérative Longo Maï.
Ensemble, ils rappellent que les semences ne sont pas qu’une affaire technique : elles portent en elles des histoires de luttes, de migrations, de résistance et de résilience.
Pourquoi c’est important pour nos jardins
Même à petite échelle, choisir des semences paysannes et soutenir ces démarches, c’est :
- préserver la biodiversité cultivée,
- s’inscrire dans une agriculture vivante et solidaire,
- refuser l’uniformisation imposée par les géants semenciers.
La pépinière Le Pied de la Plante travaille avec des semences paysannes reproductibles, conscientes de cette dimension culturelle et politique. C’est une manière concrète de soutenir un système agricole qui respecte à la fois la nature… et les histoires qu’elle porte.
📚 Pour aller plus loin : découvrez l’ouvrage Terres et Liberté – Manifeste pour une écologie décoloniale (2025) et l’émission Une résistance difficile à semer, enregistrée aux Rencontres internationales des semences paysannes.
